Infra-visuel – La vie-matériel

Appendice 2 - conversation avec Kurt Ryslavy

Ce texte rapporte la discussion que j'ai eu avec Kurt Ryslavy, chez lui, le 14 novembre 2017.



-remise du livre Ceci n'est qu'une maison bourgeoise-

Marc Buchy – C’est une édition japonaise ?

Kurt Rylavy – Oui japonais-anglais… Les japonais démarrent à l’arrière et les autres à l’avant. Quand j’ai lu ton texte je me suis dit que ça pourrait t’intéresser. C’est un peu dans le même esprit.

MB – Merci, je vais parcourir ça avec intérêt. Et cette autre petite édition que tu m’as donnée ?

KR – J’ai fait une exposition à Etablissement d’en Face au printemps dernier. Et on a édité ça. C’est un glossaire sur mon travail… qui est parfois complètement immatériel haha. Comme c’est pas visuel, parfois les gens ne comprennent pas !

MB – Oui le visuel est souvent prépondérant…

KR – Je peux fumer ?

MB– Oui bien sur ! Et ce que tu me sers la, c’est du vin que toi tu vends ? Enfin il faut que tu m’expliques un peu…

KR – Je te montre le catalogue de vin. Voilà. Le vin rouge que tu as dans ton verre c’est un des 200 différents vins que je présente.

MB – 200 différents vins !

KR – Oui, ou 150… je ne sais pas exactement. Beaucoup en tout cas !

MB – Donc tu distribues du vin. Tu n’as pas de vigne toi même, tu n’es pas vigneron…

KR – Je ne suis pas intéressé…

MB – Par la production ? Toi ce qui t’intéresse c’est la distribution ?

KR – Pas vraiment… je fais la distribution. Et ça m’intéresse pour l’art haha ! C’est plutôt un moyen de survivre… Et parfois je fais des blagues ou j’intègre ma pratique du vin dans ma pratique de l’art. Mais ce n’est pas nécessaire. Ça peut arriver mais pas toujours.

MB – Toutes tes œuvres ne sont pas liés à ça…

KR – Non, non. Comme tu vois dans la petite édition. J’ai beaucoup de différents groupes de travaux, qui différent beaucoup les uns des autres. Et il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas lier l’artiste qui fait tout ça, toute ces différentes expressions en une seule personne.

MB– Parce que ce n’est pas habituel comme façon de procéder ? C’est trop « large » ?

KR – Non, mais c’est juste que je veux faire ce que je veux. Pas ce que les galeristes disent, pas les clients…

MB – Donc tu as des clients qui sont en dehors du monde de l’art complètement ?

KR – Oui. Mais eux ils achètent du vin.

MB – Et ils ne savent pas du tout que ça fait partie d’une œuvre.

KR – Non.

MB – Comme Ben Kinmont l’autre jour alors, qui est libraire de livres anciens mais qui ne dit pas qu’il est artiste tout en présentant ce projet comme une œuvre au monde de l’art.

KR – Il y a 2 ou 3% de mes clients en vin qui savent que je suis artiste. Le reste ne le savent pas. Je suis un marchand de vin un peu particulier mais c’est tout.

MB – Mais pour eux, tu n’es pas artiste.

KR – Comme je suis sur le marché depuis… 30 ans ? Au début c’était un peu difficile pour m’établir, dire « Oui, je suis marchand en vin, je commence un business. Il faut me croire ». J’ai rénové les espaces ou nous sommes.

MB –Ah tu vends ici ?

KR – Oui !

MB – Ah c’est ta boutique, tes bureaux…

KR – Vient dans cette autre pièce…. Là je fais les dégustations. Je présente une série de bouteilles ici…

MB – Donc tu amènes des gens chez toi… et ici c’est la partie publique en fait.

KR – Oui. Il y a une dégustation samedi ! Tu peux venir !

MB – Et ce programme, ces dates, tu les distribues à tous le monde ? Et tu as des gens qui viennent ?

KR – J’ai fait un mailing de 1500, 1800 clients habituels. J’ai 6000 adresses en vin et 6000 adresses en art.

MB – Et à ces moments de dégustations il y a des gens de l’art qui viennent ? Voir comment ça se passe ?

KR – Très peu. Le 25 du mois il y aura une exception. Un prof de l’Académie de Bruxelles qui amène 5 étudiants pour la dégustation. Mais je le connais très bien.

(retour dans la pièce principale)

MB – Donc tu as commencé ce business pour pouvoir continuer ta pratique artistique sans contraintes financières ?

KR – Oui. Je suis venu en Belgique en 87. Je n’avais plus d’argent, c’était difficile. C’était une ville ou je ne connaissais personne.

MB – Pourquoi être venu ici ?

KR – Car c’était accessible. Ce n’était pas trop cher. Les gens étaient ouverts. Plus qu’en Autriche par exemple. En Autriche… quand tu dis que tu es artistes les gens prennent leurs distances. Comme si tu avais fait de la prison ! Ici quand tu dis que tu es artiste les gens rigolent, ils s’intéressent.

MB – Donc tu as pu plus facilement construire ton réseau ici.

KR – Oui. Et puis on n’est pas loin de Londres, de Paris, de Amsterdam, de Cologne… De Vienne ça coûtait une fortune de voyager, et ça prenait beaucoup de temps, des trains de nuits… C’était beaucoup plus intéressant de déménager dans l’ouest.

MB - Mais tu as encore des liens avec Vienne ? Tu y vas, tu travailles encore là-bas ? A part le vin j’entend !

KR – Oui oui j’ai encore des liens, mais pas tellement avec des galeries ou le monde de l’art. Je connais mes vieux copains, mes vieux marchands, mes vieux artistes. J’ai connu Franz West, Erwin Wurm… des gens comme ça. Mais pas les jeunes, pas la scène. Plutôt ici. Tu sais en Autriche on ne faisait pas partie de l’Union Européenne à l’époque. J’étais donc illégal ici, comme un petit artiste de l’est… J’ai vécu comme ça les premiers mois : sans électricité et sans gaz. Seulement avec de l’eau froide. Dans un appartement près de la gare du midi. Mais ce n’était pas une bonne solution avec l’hiver qui arrivait… Alors j’ai cherché un autre appartement, ce qui était assez facile. Et j’ai trouvé un appartement chez un psychiatre qui avait toute une maison. Le deuxième étage semblait vide de l’exterieur, alors j’ai sonné et demandé si c’était à louer, mais il m’a dit « Oui c’est vrai que le 2ème étage n’est pas occupé mais c’est un peu difficile… D’ou est ce que vous venez ? » Je lui ai dit que j’étais de Vienne et ça l’a intéressé car Freud venait de Vienne.

MB – Haha ! D’accord ! Bonne référence !

KR – Oui bonne référence. Et du coup il a dit oui. Il m’a fait confiance. Je suis resté deux ans jusqu’à ce que le psychiatre tout d’un coup dise que je devais déménager car il louait toute la maison et qu’elle était vendue. Entre temps j’ai eu un atelier près de Tour et Taxi, 150m carrés, au 1er étage. C’était agréable. Et à l’époque je passais souvent par ici, je voyais cette maison, avec son jardin. On ne voyait pas si elle était habitée. Un jour j’ai sonné. Les rideaux ont bougé mais personne n’a ouvert… Et deux mois plus tard c’était affiché « A vendre ». Quand j’ai pu entrer dans la maison je me suis dit que c’était magnifique mais que je n’avais pas d’argent. J’étais juste curieux. Mais alors j’ai essayé de trouver de l’argent, de convaincre des amis pour qu’ils achètent avec moi. Et on l’a fait. J’ai trouvé Xavier Huyfkens qui était un jeune galeriste à l’époque et il m’a mis en contact avec une banque qui m’a prêté l’argent. C’était pas évident mais Xavier Huyfkens a pu convaincre le directeur de la banque qu’il pouvait me faire confiance et me prêter. C’était un peu comme un danseur sur un fil. C’était en 1990. George Bush senior avait attaqué l’Irak en janvier 1991 et le marché de l’art à fait un crash. Pour moi c’était assez grave car j’avais eu un bon contact avec une galerie à Gand avec qui j’avais travaillé, qui avait parfois vendu des choses. Et je me suis dit que ça allait être difficile après ce crash. A Londres il y a eu 5 galeristes qui se sont suicidés.

MB – A ce point là !

KR – Oui oui c’était vraiment grave. Pas comme en 2007 avec la bank crisis. Parce que là il y a eu une descente du marché de l’art mais l’art cher à augmenté, c’est donc pas vraiment un crash mais une évasion de l’argent vers le haut. Ils voulaient placer leur argent dans des valeurs sûres. Ce qui était cher est devenu beaucoup plus cher et s’est vendu encore mieux. Mais le reste de l’art est descendu. Pas vraiment un crash donc. En 91 c’était tout le monde, même les grands. Ça a duré deux ou trois ans. Et à cette époque je me suis dit que si je voulais garder la maison, payer mes frais à ma banque, il me faudrait trouver un autre moyen de trouver de l’argent. J’ai vu qu’il n’y avait pas de vin autrichien sur le marché belge, et j’ai commencé à importer du vin autrichien. Mais ce n’était pas évident car je n’avais pas d’éducation commerciale.

MB – Donc tu as appris à ce moment là, tu as été voir des gens, des vendeurs la-bas…

KR – Oui, j’ai essayé de faire des contacts.

MB – Et tu as construit ton marché ici aussi.

KR - Oui

MB – Mais tu le voyais déjà comme une œuvre à l’époque ? Tu pensais que ça allait s’intégrer dans ton travail artistique ?

KR- J’ai essayé de le déclarer comme œuvre conceptuelle mais les gens n’ont pas vraiment compris. J’ai fait une installation avec des verres à vendre. Des verres vides, soufflés à la main. Dans une galerie, avec des certificats, et tout ça. Mais les gens n’ont pas compris, les critiques d’arts n’ont pas écrit sur ça…

MB - Tu as fait ça à Bruxelles ?

KR - Non à Gand. Et j’ai aussi fait une exposition chez la fille de Marcel Broodthaers qui a eu une galerie. J’avais fait un environnement avec du vin, avec des cartes de vignobles de l’Autriche etc dans la galerie. Mais… non.

MB - Donc tu as arrêté ce genre de chose ?

KR – Et bien j’ai continué. Mais à ma façon. Mais les propositions conceptuelles n’ont pas été acceptés. Le marché n’a pas accepté, pour les collectionneurs… c’était trop sauvage.

MB - Trop étrange pour l’époque ? Tu crois que ça fonctionnerait mieux maintenant ?

KR – Je ne sais pas, je ne sais pas… Tu connais Joëlle Tuërlinckx ?

MB - Oui. Enfin pas personnellement, son travail.

KR - Sans se connaître, par hasard, elle a fait aussi une œuvre conceptuelle en 1995, elle a fait une exposition à Bruxelles chez un curateur, à la maison, Moritz Küng (APP/BXL). Là elle a fait semblant d’avoir fait une société qui s’appelait quelque chose comme ARID ® Entreprise. Elle a fait une exposition, elle proposait un livre/catalogue qu’on pouvait acheter sur commande. Mais les gens ont pas compris ou n’ont pas acceptés non plus. Mais on ne se connaissait pas encore. Moi j’ai fait mes interventions, mes expositions. Elle a fait quelque chose un peu pareil. Mais de sa part c’était une fiction.

MB -Oui voilà c’est la grande différence. Toi ce n’est pas symbolique.

KR -Oui. Mais les deux versions sur le marché n’ont pas été accepté. En plus dà la même époque Nicolas Bourriaud a développé ses idées d’esthétique relationnelle. Mais Bruxelles était trop loin de Paris… il n’y avait pas encore le TGV haha. Donc ça existait ici aussi mais on en a pas parlé… Et récemment j’ai invité Joëlle Tuerlinckx ici et je lui ai montré ce livre/catalogue « d’entreprise » que j’avais acheté… Je pense que je suis l’un des seuls qui a acheté ça car j’étais intrigué que quelqu’un fasse le même genre de chose. Et elle même n’a pas un seul exemplaire de ce livre ! Et elle ne sait pas ou il y en a d’autres.

MB - Donc tu as peut être une pièce unique !

KR - Peut être ! C’était assez cher dans le temps…

MB - Mais elle se souvient du projet ?

KR - Oui, biensûr! Elle a trouvé ça super de le revoir.

MB - Et le reste de ton travail ? Maintenant je connais ce projet d’entreprise, de vin… Mais qu’est ce que tu fais d’autres ? Est ce qu’il y a eu un avant et un après ce projet ?

KR - Oui j’ai toujours fait beaucoup de différentes choses.

MB - La par exemple dans la petite édition je vois « Installations impliquant la réalité, 1992, 2012, 2016 »… ?

KR -Oui… Ou regarde ça, ça concerne aussi la matérialité et l’immatérialité.

MB - « Œuvres de ventes, Installation, Affiche… Sculpture immatérielle, consiste uniquement en la transaction et la vente du travail d’un autre sculpteur… un certificat d’une œuvre de vente… » D’accord. Donc… c’est encore une question sur la position de marchand si je comprends bien ?

KR - Pas vraiment. J’ai pas joué au galeriste. J’ai créé une série de sculptures. C’était aussi une situation de nécessité. Car j’ai eu des œuvres de Kippenberger, de Franz West… qui ont fait des échanges d’œuvres avec moi. Et toutes ces œuvres étaient dans un entrepôt en Autriche. Car quand j’ai déménagé j’ai pas tout emmené. Et beaucoup de ces œuvres n’étaient jamais montrés. Car c’était directement des échanges entre artistes.

MB -Elles étaient uniquement dans l’espace privé.

KR -Oui. Et quand j’ai essayé de vendre ces œuvres… Bon c’était avant le temps du numérique, donc c’était plus difficile de manipuler des documents. Ce sont quelques galeristes qui ont développés le marché de ces artistes, je les connaissais. Donc je leur ai dit que j’avais des œuvres de ces artistes et je leur ai demandé s’ils pouvaient vendre ça pour moi car j’étais dans une situation difficile, avec ma maison etc et je préférais vendre ces œuvres pour la garder. Mais ils m’ont proposé un prix ridicule pour toutes ces œuvres, beaucoup trop bas. Je leur ai dit que ça valait bien plus que ça. Alors ils ont bloqué tout le marché pour mes œuvres. Ils ont dit que c’étaient des faux. Enfin ils ont pas dit que c’étaient des faux mais que c’était louche, qu’on ne savait pas d’ou je les avais. Et ils ont dit ça internationalement, à New-York, à Cologne… à tous leurs partenaires de ne pas me croire. C’est une des raisons pour commencer ce type de travail « Verkaufswerke ». Au début j’ai montré juste les œuvres en disant c’est « un Verkaukswerk de Kurt Ryslavy d’une œuvre de Franz West ». Mais les gens ils ont dit…

MB -Haha… « c’est trop compliqué » ?

KR -Ils m’ont demandé ce que c’était mon œuvre, et je leur ai dit que c’était immatériel, que c’était la vente c’est tout.

MB -L’acte de vente.

KR -Et je leur ai dit qu’en plus ils pouvaient avoir un petit sachet en plastique avec les documents, les lettres, les échanges avec les marchands, sur la provenance… Mais tout le monde à dit « oui… bon… »

MB - A dit « non » !

KR - Oui à dit « non » haha. Et 5 ans après, Kasper König, qui est une personne très influente, il a crée le Skulpture Project Münster, et il a exposé les Verkaufswerke cinq ans après le premier prensentation à Opus Operandi à Gand. Et quand lui a fait ça tout le monde a accepté haha ! Et a dit « Oui oui je le savais, je connaissais ! »

MB -Donc il a validé la pratique et ça a intéressé les gens…

KR -Mais entre temps j’ai aussi fait des boites ou j’ai mis les œuvres dedans, des boites de transports, des choses jolies mais fait spécialement pour l’œuvre. Quand c’était des œuvres petites, un peu comme des bonbonnières… Et comme ça c’était matérialisé et les gens ont mieux compris aussi.

MB -Du coup tu vendais la boite, avec l’œuvre.

KR -Oui.

MB -Du coup il y avait un rajout physique… et c’est plus facile à mettre chez soi quoi haha.

KR -Oui haha. Tragique hein !

MB -Et ça c’est une sculpture ?

KR -Oui c’est en stockage là. Ce sont des objets fabriqués. Pour mieux comprendre il faut que tu viennes regarder dehors.

(…)

MB - On voit la même forme que ce qu’il y a dans le salon, mais avec des dollars dessus ?

KR -Oui il y a des dollars. Des dollars en céramique. J’ai participé à une exposition à Strombeek, c’était une exposition avec des artistes qui ont dû réaliser quelque chose en céramique. C’est Luk Lambrecht qui m’a invité à participer. Il y avait aussi Lawrence Weiner, Ann-Veronica Janssens… des gens plus célèbres et moins célèbres que moi. Au total nous étions 7. Moi j’ai fait 7 sculptures comme celle-ci, certaines plus petites, certaines plus grandes. Chaque arbre représentait la valeur de l’œuvre que les artistes présentaient. Les artistes chers étaient pleins de dollars et les autres moins.

MB -Et cette œuvre dans le salon en fait partie ?

KR -Oui elle est en stockage. Il manque les dollars.

MB -Et les arbres étaient présentés en ligne ?

KR -Ca dépend, au milieu de l’espace d’exposition.

MB -Et tu as fait ça quand ?

KR -2009

MB -C’est donc une réflexion sur le contexte de ton invitation, avec qui tu étais invité.

KR -Oui

MB -Donc tu travailles beaucoup sur le contexte de l’art ?

KR -Oui

MB -Donc tu es un peu l’élément perturbateur qui réfléchit sur les conditions d’invitation, de présentation… Comme tu as fait dans la conférence avec Ben Kinmont ou tu es venue et tu as rajouté une présence…

KR -Oui. Souvent les gens ont peur de ce que je fais. De ce que je vais faire. Et parfois je suis refusé. Rejeté. Au début ils m’invitent et quand je me mets à travailler sur le projet il me disent « Oh non, désolé, on ne peut pas faire l’exposition ».

MB -Donc ils t’invitent d’abord, puis la proposition que tu leur fais déplait…

KR -Oui même quand je ne fais pas une explication sur ce que je vais faire, ils commencent à avoir peur de ce que je prépare !

MB -Pourtant ils t’ont aussi invité pour ça…

KR -Oui oui !

MB -Haha !

KR -Récemment j’ai eu un cas, on a eu plusieurs meetings avec une artiste. L’artiste a souhaité faire une exposition avec moi, dans une galerie. On a discuté avec la galeriste, visité la galerie… Et je lui ai dit que j’avais besoin d’un an de temps pour tout faire. Je suis retourné voir à un vernissage, on a eu de bons contacts, pas de bagarre, rien, pas de tension. Et le soir j’ai reçu un message me disant qu’on ne pouvait pas faire l’exposition.

MB -Sans raison ?

KR -Sans raison. Et j’ai vraiment travaillé sur le projet sans annoncer ce que j’allais faire. C’était difficile en plus car l’artiste qui voulait travailler avec moi, je trouvais son travail problématique.

MB -Par rapport à ? Tes intérêts ? Pourquoi elle a voulu t’inviter ?

KR -Je sais pas ! Elle trouvait ça magnifique ce que je fais !

MB -Ha d’accord haha !

KR -Haha ! Et moi je trouvais ça flatteur. Donc j’y ai réfléchis et j’ai développé quelque chose. Mais je ne lui ai rien dit. Juste « Oui, merci pour l’invitation. Et si j’ai une idée, je le fais ». J’ai donc développé ma pensée jusqu’à ce que ça soit bloqué sans qu’ils sachent ce que je faisais. Ils ont seulement eu peur ! Mais c’est vrai, parfois je fais des choses qui sont à contresens de la compréhension du galeriste ou des autres personnes…

MB -Tu as un exemple ?

KR -Oui. Attend je vais chercher un livre. (…) Regarde. Dans ce livre il y a une introduction, un texte d’une américaine.

MB -Les images là ce sont des tableaux ?

KR -Oui. Il y a aussi un texte qui décrit le développement de l’idée d’une exposition, et une histoire. Dans cette histoire il y a une galeriste qui m’a invité à développer une exposition, et après un an, un an et demi elle a rejeté mes idées. Car elle a parlé a des collectionneurs, ou des critiques d’arts qui lui ont dit que ce n’était pas une bonne idée. Et elle a refusé. Mais j’ai continué à travailler car je trouvais que c’était une bonne idée de projet et j’ai réalisé l’exposition dans un autre espace. A Mechelen. Dans le Garage. C’était parfait. C’était très bien, tout le monde était content. Mais ce n’était pas dans la galerie ou c’était prévu au début.

MB -Le même principe mais ailleurs, donc.

KR -Oui. Et l’exposition qui a été refusé récemment je n’ai pas envie… Je trouvais ça bien dans ce contexte, je ne vais pas chercher un autre endroit. Et je ne vois pas ou, je n’ai pas envie.

MB -Et donc tu as aussi une pratique de peintre ?

KR -Oui.

MB -A la base tu viens de la peinture ?

KR -Non. A la base je viens de l’écriture. J’ai commencé à écrire des textes quand j’ai eu 16 ou 17 ans jusqu’à la fin de ma vingtaine ou je me suis mis à l’art plastique.

MB -Tu n’as pas fait d’étude d’art ?

KR -J’ai étudié la philosophie, à Vienne. Et à l’académie, mais seulement les techniques d’impressions. Parce que ça m’intéressait le plus. Je suis aussi passé dans d’autres cours, le dessin… Mais ça m’intéressais moins.

MB -Donc tu as commencé ta pratique plastique par de la peinture. Que tu continues jusqu’à aujourd’hui. Et tu le vois comme un complément de ta pratique conceptuelle ? Ou comme un soutien, ou… ?

KR -Euh oui c’est ma vie, haha. Non, j’ai commencé ma pratique plastique par l’ecriture, je dois dire.

MB -Non mais simplement car moi je ne fais pas du tout de peinture, je ne dessine pas du tout…

KR -Je fais ce que je veux… Parfois je peins, parfois je fais des sculptures…

MB -Donc tu ne t’interdis rien… C’est ça qui est intéressant.

KR -Oui… parfois je fais des installations conceptuelles…

MB -Et parfois tu te sers de ta peinture dans tes pièces conceptuelles ?

KR -Oui voilà.

MB -Oui j’ai vu dans ton livre que tu as fait des « rouleaux » avec tes aquarelles ? Mais ca ne fonctionnait pas pour vendre donc tu les as aplatis…

KR -Oui ! Aplati, encadré pour vendre… Et la j’ai vendu ! Hahaha !

MB -Alors qu’au final on ne voit pas plus l’image… !

KR -Non on voit quelque chose… Mais c’est plat, ça s’accroche ! Et c’est…

MB -C’est cette forme qui a permis de vendre…

KR -Moi je m’en fous… je trouve ça bien si on peut faire une installation avec les vrais cylindres et avec quelques uns aplati. Ca serait ma proposition pour une bonne collection. Mais j’ai gardé quelques cylindres pour moi. Car moi je les aime haha !

MB -Mais tu travailles avec une galerie à Bruxelles ? Quelqu’un te représente ?

KR -Non non. J’ai essayé avec des galeries, mais ils n’arrivaient pas à vendre… seulement à mes propres connaissances… Alors ça sert à rien haha. Je veux bien travailler avec une galerie mais elle doit être assez professionnelle. Qui est derrière moi sans aucun regret, qui me soutiennent quoi qu’il arrive.

MB -Et ta maison ou nous sommes ? Le titre de ton livre c’est « Ceci n’est qu’une maison bourgeoise ». Donc ton espace à vivre fait partie de ton œuvre… ?

KR -Oui. Il faut que tu vois un livre précédent. Tu connais Damien Airault ?

MB -Je ne crois pas…

KR -Quand j’ai commencé de vivre ici et de développer mon business de vin, j’ai vu que pour ma clientèle je devais rénover les pièces. Car ils doivent avoir l’impression que je suis un professionnel, cultivé, en qui ils peuvent avoir confiance pour acheter du vin. Donc la première chose fut de rénover la pièce de dégustation que tu as vu tout à l’heure. La deuxième chose c’était d’acheter une armoire avec beaucoup de verres.

MB -Pour « donner l’impression »

KR -Oui, donner l’impression. Et ensuite ce fut de beaux meubles… Et j’ai vécu ici. J’ai reçu des gens du monde du vin et des gens du monde de l’art. Mais pas en même temps. Tout le monde était irrité : c’est pas un endroit ou un artiste vit, mais pas non plus un endroit comme un marchand de vin vit. Alors je me suis dit qu’il y avait une ambivalence de l’espace. D’un coté un espace privé et de l’autre un espace public pour faire du commerce. Et je me suis dit je veux exposer ça. Transformer ça pour le montrer dans une galerie, ou un musée. Un whitecube comme tu dis. Je veux mettre cette ambivalence dans un autre contexte. Car ça fait partie de ma… conviction ? Ça devient trop dur de dire ça en français haha. J’ai essayé de trouver des curateurs, ou des gens du monde de l’art, pour les convaincre de le faire dans un musée.

MB -Donc recréer cette pièce dans un musée ?

KR -Oui. Et c’était presque impossible. Les gens ne me suivaient pas. Mais en 1998, une curatrice du musée Dhondt-Dhaenens a fait une exposition qu’elle a appelé Infra-mince et m’a invité à participer. Elle était au courant de mon projet de présenter cette pièce. On s’est mis d’accord de faire une première étape. On a donc fait une reproduction de ma porte d’entrée, avec la plaque devant et ma boite aux lettres. On pouvait acheter une clé, qui est une édition de 8 ou 10, dans une boite à clés. Et tu pouvais acheter cette édition.

MB -Et ca ouvrait la porte de chez toi ?

KR -Non non, mais la porte du musée, la réplique de la porte d’entrée. C’était vraiment une réplique en bois de chêne, mais un peu plus petite en hauteur et plus large car le musée est plus petit que ici. C’était en 1998. Après j’ai écris des textes, j’ai travaillé pour continuer dans cette direction. Mais ça ne fonctionnait pas. Et 10 ans après, Damien Airault a trouvé ça très intéressant. Il a fait une exposition à « Le Commissariat » Paris sur ça. On a fait une sorte de living-room, comme ici, dans la galerie. Et on a servi du vin autrichien là-bas. On a publié ce petit livre. Il y avait une performance au vernissage.

MB -De toi ?

KR -Oui, de moi et d’un ouvrier (payé) qui a repeint les volets. Il fallait les embellir… Mais j’ai eu aussi l’impression que personne ne comprenait de quoi il s’agissait. C’est à dire que j’étais content qu’il y ait cette édition, le texte de Damien Airault est très bien. Mais peu de gens lisent ce type de catalogue...

MB -Donc tu recrée une partie de ton intérieur mais tu ne t’en servais pas pour vendre du vin ?

KR -Non, non. On a fait une exposition qui a duré un mois. C’était un salon ou on pouvait s’asseoir, boire du vin, lire des livres… Le vin était à vendre mais personne n’en a acheté. Ils ont juste bu haha. J’ai quand même distribué ce petit livre mais je n’ai pas eu de retours ou de réactions.

MB -Pourtant en 98, en France…

KR -Non c’était en 2009…. Peut être que ce n’était pas dans les temps… Et 6 mois ou un an plus tard je ne sais plus. J’ai été au Japon. Et en y allant en avion j’ai lu un livre sur tous les musées d’art contemporain au Japon. Un musée m’a surtout intéressé et j’ai eu l’idée de proposer cette maison comme œuvre au musée au Japon. J’ai pris rendez-vous avec les curateurs de musées, avec l’aide de l’ambassade, j’ai organisé tout ça. Ça a bien fonctionné. J’ai fait cette proposition et j’ai vu que les japonais, qui sont souvent l’air très fermés, j’ai vu qu’ils ont compris la proposition quand ils ont commencé à rire ! Ça m’a amusé. J’ai compris que j’avais fait quelque chose qu’ils n’attendaient pas. J’ai donc fait ce livre, pour mieux expliquer. En japonais et en anglais. Tout seul.

MB –Ah, sans leur aide ? Il n’y a donc pas eu d’exposition là-bas ?

KR -Non non, non non ! J’ai fait une exposition ici à Bruxelles, au Palais des Beaux-Arts, ou je présentais le livre, avec une grande installation, une petite rétrospective avec des pièces historiques, et toute une salle avec des grandes vitrines et tous mes livres, toutes mes publications. C’était une belle exposition. Et maintenant je suis content. Car avec ce livre, quand on lit, même si peu de gens le lisent !, on comprend la dimension du projet. Et entre temps le fondateur du musée au Japon a voulu me rencontrer à l’occasion de sa visite à la Biennale de Venise. Il a voulu me rencontrer à Paris et à la dernière minute il n’est pas venu en Europe. Il était malade, une personne assez âgée… J’ai été au Japon le même été, mais cette personne n’était pas à Tokyo à cette période… Donc sans résultat… et je vais probablement devoir y retourner. Mais pour moi, c’est une idée, c’est un concept ! Ce n’est pas important que je vende ou non la maison au musée car j’ai le livre.

MB –Toi tu voudrais vendre la maison au musée en entier, comme une œuvre.

KR –Oui ! Comme c’est ici, juste peut être nettoyé un peu haha ! Je voudrais surtout garder l’ambivalence de l’intérieur. Garder le rez-de-chaussée comme il est avec des œuvres d’autres artistes. Premier et deuxième étage whitecubes, et sous-sol aussi whitecube.

MB -Ce sont déjà des whitecubes la-haut ?

KR -Non, pour le moment pas encore. Mais s’ils veulent acheter il faut transformer au premier étage et deuxième étage en espace d’exposition ou bureau où n’importe quoi. Il faut juste garder le rez-de-chaussée, comme une « entrée européenne » pour les japonais.

MB -Donc ça serait un peu comme une succursale du musée japonais ?

KR -Oui, car c’est un peu aussi une blague, même si un peu daté maintenant, sur le Guggenheim, le Moma etc qui ont tous des dépendances partout…

MB -Du coup si ça se fait, disons, l’année prochaine, toi tu ne peux plus vivre ici ?

KR -Oui oui, mais ça ne me dérange pas du tout !

MB -Tout ça fait donc un mélange très fort entre art et vie, qui t’intéresse quand même. Comme une pratique générale et quotidienne, qui ne se sépare plus de toi. Ta vie devient, ou du moins la maison qui a contenu ta vie, devient…

KR -Oui mais si jamais la proposition est acceptée telle quelle, moi après je peux faire tout à fait autre chose, et pour moi c’est mieux. Je peux déménager à New-York, acheter un entrepôt, déposer mon stock…

MB -Oui tu pourrais continuer la même activité ailleurs…

KR -Oui ou une autre activité…

MB -Tu associes le vin avec ici ?

KR -Pfff disons que le vin ça ne m’intéresse pas tellement ! J’aime bien boire un verre, mais vendre du vin c’est du travail, de l’administration…

MB -D’accord. Donc tu continues à vendre du vin car ça te fait vivre, mais ça ne t’excite pas spécialement

KR -Non non…

BM -Parce que Ben Kinmont quand il parlait de ses livres, il avait une vrai passion etc…

KR -Je pourrais dire que je suis œnologue etc… Mais bon, tu vois, il ne faut pas dire ça aux gens à qui tu veux vendre du vin, que ça t’intéresse pas, sinon ça bloque haha !

MB -Oui haha ! Mais aux gens du milieu artistique tu peux le dire…

KR -Oui ! Je te le dis à toi parce que tu t’intéresses à la pratique, et le concept, les idées…

MB -D’accord. Donc la maison devient une sorte de ready-made, de situation, je ne sais pas trop comment pas appeler ça…

KR -Pas ready-made, j’ai tout fait moi-même haha !

MB -Tu connais Ghislain Mollet-Viéville ?

KR -Non… ?

MB -Il a tout un questionnement sur « l’art socialisé » qui est très intéressante, sur les moments de vie autour de l’art. Il a été galeriste à Paris, il a représenté de grands artistes. Il a arrêté maintenant, mais je pense à lui car il y a une partie de sa collection qui est montré au MAMCO à Genève. Et cela se fait sous forme d’une reconstitution de son intérieur, sa chambre à coucher et des œuvres dedans…

KR -Ha intéressant, je note.

(…)

KR -Une fois aux Beaux-Arts j’ai fait une installation ou je nettoyais des meubles prêtés par de grands collectionneurs. Je voulais faire une blague sur les expositions ou il y a des prêts de grandes collections… Par exemple « Guggenheim collection », bon, si il y a un prêt dans une exposition, tu l’affiches, ça donne de la valeur à l’exposition. Donc moi j’ai exposé les meubles, et en plus je les ai nettoyés !

MB -Et quels sont tes références ? Des noms d’artistes qui t’ont inspiré dans ce que tu essayes de faire ?

KR -Très peu ! Haha !

MB -Haha ! Tu es unique !

KR -Non c’est juste que j’oublie les noms… J’aime bien Caravage… ou Louis Soutter. Non bon disons que j’ai beaucoup d’admiration pour les artistes qui font leurs propres trucs. Et qui font « n’importe quoi ». Quand ils sont accessibles, j’essaie de les acheter…

MB -Donc ce qui t’intéresse c’est plus l’attitude générale qu’une production, ou une œuvre en particulier…

KR -Quand je vais dans une foire, je ne regarde pas qui a fait quoi, le plus important c’est que l’œuvre me parle, avant tout.

MB -Et donc la question de l’exposition, de l’acte d’exposer, ça ne te dérange pas spécialement ?

KR -Non…

MB -Oui, bon, en effet, tu veux transformer ici en musée, alors… Enfin, ce sont juste des questions que je pose !

KR -Oui j’ai lu ton texte, avec le whitecube… Je suis d’accord avec beaucoup de choses, mais moi ça ne me dérange pas quand les gens exposent, je suis toujours intéressé de voir des choses. Souvent le problème est que les gens sont attachés à l’argent, et avec l’argent ils font des bêtises… c’est-à-dire des choses pour l’argent ! Et ça c’est un problème, je déteste…

MB -C’est-à-dire ? Des multiples ?

KR - Non non, concernant le whitecube. Ce n’est pas nécessaire un whitecube. On peut exposer n’importe ou, n’importe quoi… Tout est possible. Il ne faut pas séparer la pratique d’une exposition du réel… Ce n’est pas nécessaire. C’est quelque chose de commercial.

MB -Une facilité ? Donc les œuvres qui répondent trop à ça ou uniquement à ça, ça te bloque…

KR -Disons les œuvres qui correspondent trop à « gagner de l’argent ». Pas réfléchissant à l’argent mais qui sont créée pour ça. Dans des musées tu vois des œuvres exposés qui ont été créée spécialement pour le musée, surdimensionnées, juste pour l’espace là-bas… Et ça c’est un problème.

MB -Oui donc pas très « naturel » ou « trop forcé ».

KR -C’est trop forcé, ce n’est pas ce que l’artiste veut créer lui-même. C’est le musée et l’artiste ensemble qui génèrent un contexte qui est problématique.

MB -Donc tu préfères les artistes plus libre dans leurs types de proposition. Qui peuvent répondre à ça, mais pas uniquement.

KR -Pas uniquement.

MB -Oui donc un art qui ne répond pas que au whitecube, qui est une sorte de réponse toute faite… Moi dans mes études d’arts on ne m’a proposé de réfléchir que par rapport à ça, dans ce contexte… Sans proposer d’autres façon de faire, ce qui est un peu dommage. Ce qui est intéressant c’est la possibilité de la pensée, et jusqu’où elle peut aller, comment et pourquoi, face à une forme un peu aseptisé. Bon ce texte je l’ai écrit pour essayer de voir si il y a d’autres façon possible de faire.

KR -L’année prochaine je vais faire une exposition dans la rue.

MB -Dans la rue ?

KR -Oui. Là. Devant. Je ne vais pas trop en parler mais j’ai eu cette idée récemment. Je vais essayer de demander de l’aide à la commune pour qu’ils l’annoncent.

MB -Toi seul ou tu vas inviter des gens ?

KR -Je vais inviter des gens, et je vais faire une performance, une installation permanente dans la rue qui est aussi une réflexion sur le passé…

MB -Tu parles souvent de performance. Mais du coup ton commerce de vin, tu le vois comme une performance ?

KR -Au début, oui. Mais maintenant plus.

MB -Tu as dit que tu pouvais l’arrêter…

KR -Oui. J’ai envie de l’arrêter… Mais je ne gagne pas d’argent ! Donc je dois continuer, mais j’en ai marre.

MB -Qu’on ne parle que de ça ?

KR -Oui, qu’on ne parle de moi que comme ça dans le monde de l’art. « Ha oui, celui avec le vin »

MB - Et c’est vrai: c’est comme ça que je t’ai connu ! C’est le risque d’être catégorisé quand on a une pratique qui est plus riche mais aussi un peu « à part », c’est facile… Un peu comme Ben Kinmont on dit « c’est le libraire »

KR - Oui c’est bête…

MB - Donc c’est passé d’une performance à une nécessité ?

KR -Oui, au début, j’ai fait quelques expositions, quelques performances avec des dégustations, mais je ne voulais pas me répéter, c’est ennuyant…

MB -Et tu t’en es détaché artistiquement… A Établissement d’en face, tu as montré ce catalogue, et… ?

KR -Les pages de ce catalogue, agrandies aux murs.

MB -Et bien désolé d’avoir raté ça… Et dans ce catalogue, il y a toute tes œuvres ?

KR -Non, ce sont tous les groupes de mon archives. C’est-à-dire chaque groupe, 80 plus au moins, contient entre 10 et 200 œuvres.

MB -Et un groupe, c’est… ?

KR -Un groupe c’est une page.

MB -Et donc si là je lis… ZWECK ? Tu as plusieurs variantes de ZWECK.

KR -47 œuvres ZWECK. Une page est un groupe de travail de mon archive.

MB -Donc la pratique de l’édition est importante pour toi. Pour présenter ton travail.

KR -Absolument oui.

MB -Et tu écris sur ton travail aussi… Je vois ici VIDEO... Ce sont des archives ?

KR -Oui j’ai fait un film par exemple, en avril passé, qui va être montré au musée Van Gogh au Pays-Bas.

MB -Et c’est une vidéo de… ?

KR -C’est un film contextuel, conceptuel, qui fait référence à Barnett Newman et Van Gogh. Sur un certain aspect de leurs travaux.

MB -Donc tu as fait un peu tous les mediums.